assassinat de Samora Machel, père de l’indépendance du Mozambique

admin Last updated on: March 31, 2023

[Histoire] (Africapostnews) – Le 19 octobre 1986, Samora Machel et plusieurs de ses compagnons trouvèrent la mort dans le nord-est de l’Afrique du Sud lors d’un accident d’avion dont les circonstances restent à élucider. 32 ans après, nous avons tenu à revenir sur cette période sombre de l’histoire mozambicaine et africaine.

Samora Moisés Machel rejoint les rangs du Front de Libération du Mozambique (Frelimo), alors principale force d’opposition à l’occupation belge, au début des années 1960. Très rapidement, il occupe le poste de secrétaire du département de la défense avant d’entrer au comité central et de prendre par la suite les rênes de l’organisation après la réorganisation du mouvement. L’infirmier de formation est alors connu pour ses tendances marxistes. A l’aide de ses compagnons, il va organiser la résistance armée qui va mener le pays vers l’indépendance.

Le 25 juin 1975 alors que le Mozambique est officiellement un pays indépendant, il prononce ses mots lors de son discours d’intronisation en tant que Président : « Quand ce drapeau est monté à minuit le 25 juillet, nous avons pleuré […] pas par peur des coups, des fouets ou parce que nous étions tristes mais parce que nous étions libres. La plus belle chose dans la vie d’un homme c’est de vivre libre, de vivre indépendant. Il peut n’avoir rien à manger, n’avoir rien à se mettre, mais il est libre ! ». Il est tué onze années plus tard dans un crash d’avion, alors qu’il rentrait d’un sommet à Lusaka sur la guerre civile en Angola.

Les circonstances autour de sa mort

C’est dans un Tupolev piloté par des militaires russes, que le père de l’indépendance a entamé son voyage retour vers le Mozambique. Toutefois, quelques minutes avant le moment prévu pour l’atterrissage, l’avion s’écrase en territoire sud-africain à quelques centaines de mètres de la frontière mozambicaine.

Selon les récentes enquêtes, le pilote aurait tourné vers la droite en fonction des données émises par la balise radio de l’aéroport de la capitale mozambicaine. En effet, ce dernier ne voyant pas apparaître les lumières de la ville, qu’il explique par une probable coupure d’électricité à Maputo, demande à l’équipage de recueillir des instructions auprès de la tour de contrôle de l’aéroport.

Cependant celle-ci se voit dans l’incapacité d’agir, l’appareil se trouvant alors à plus de 50 kilomètres de distance, quelque part vers l’ouest. Intuitivement, l’équipage se pense alors proche de la zone d’approche des pistes et prépare son atterrissage. Malgré les avertissements sonores répétés des altimètres de bord, le pilote décide de baisser encore l’altitude de l’appareil. C’est ainsi que le Tupolev s’écrase à Mbuzini et que Samora Moisés Machel et 34 autres personnes perdirent la vie alors que les conditions météorologiques semblaient satisfaisantes. De cet accident, il n’y aura que neuf survivants.

Un jeune pays en guerre et désormais orphelin de son leader

Cet accident provoque un grand émoi au Mozambique. Presque immédiatement, les autorités mozambicaines désignent Pretoria comme commanditaire de cet accident. En effet, il est nécessaire de rappeler que le Mozambique de Samora était alors affaibli par la menace d’une guerre civile menée par la Résistance nationale du Mozambique (RENAMO), alors appuyée par le régime d’apartheid sud-africain. Ainsi, pour les héritiers de Samora, l’Afrique du Sud aurait installé une sorte de radiobalise pirate 2.0 près de la frontière, afin de dévier l’avion de sa trajectoire. Certains affirmeront même que l’appareil a été atteint par un missile.

De même, pour d’autres autorités politiques, le rôle du Malawi dans la mort de Samora reste également à définir du fait des relations étroites liant le petit Royaume et Prétoria. Par ailleurs, Samora Machel n’a jamais caché ses doutes concernant le président malawite Hastings Banda, lequel soutenait également la RENAMO.

Cependant, les enquêtes préliminaires et plusieurs techniciens de l’aéronautique attribuent l’accident à une erreur humaine. Ainsi, pour la Commission d’enquête internationale, l’accident serait survenu suite aux nombreuses erreurs de pilotage de l’équipage soviétique. Une thèse que le gouvernement mozambicain, ainsi que d’autres pays d’Afrique australe, continuent de refuser.

 

 

 

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