Algérie Politique (AfricaPostNews)- Suite à la découverte de 701 kg de cocaïne au port d’Oran, en provenance d’Amérique du sud, le responsable de la police, le général-major Abdelghani Hamel, a été éclaboussé. Le pouvoir algérien a annoncé plusieurs révocations et des remplacements immédiats par des officiers qui étaient, pour la plupart, les adjoints des chefs démis.
À la veille de l’élection présidentielle, le pouvoir algérien semble vouloir se saisir de cette occasion pour remodeler les structures des forces de défense et de sécurité. Ceci quitte à sacrifier des fidèles à l’ambition déjà affirmée. Trop ?
Tout débute donc par la saisie au port d’Oran les services de l’armée, de plus d’une demi-tonne de cocaïne cachée dans une cargaison de viande, affrétée par Kamel Chikhi, importateur de viande surgelée et magnat de l’immobilier.
Kamel Chikhi, opérateur économique influent, entretiendrait des liens étroits avec des responsables des services de sécurité et de l’armée. L’enquête menée tambour battant par la gendarmerie nationale, finira par démontrer des liens manifestes entre le trafiquant de drogue, et le directeur général de la sûreté nationale (DGSN, police), le général-major Abdelghani Hamel.
En effet, le chauffeur personnel du chef de la police, a été entendu et serait suspecté d’être l’intermédiaire entre son patron et Kamel Chikhi. Cette affaire secoue le landerneau politique algérien, car lors d’une perquisition chez Kamel Chikhi, il sera retrouvé, de nombreux enregistrements faits par ce dernier. Ces enregistrements, le montrent soudoyant des magistrats, des hauts fonctionnaires, et des politiques. Enregistrés pour servir d’assurance, ils constituent aujourd’hui une pièce centrale dans le dossier.
Tayeb Louh, ministre de la justice, a ainsi fait savoir que quatre enquêtes étaient ouvertes pour blanchiment d’argent, corruption, trafic d’influence et trafic de drogue. Plusieurs arrestations de hauts responsables et fonctionnaires ont été enregistrées dans la foulée.
Voyant l’étau se resserrer, le 26 juin dernier, le général-major Abdelghani Hamel est sorti de son mutisme. Il a dit regretter les « dépassements » dans l’enquête préliminaire, menée par la gendarmerie. Il a en outre ajouté : « Celui qui veut lutter contre la corruption doit avoir les mains propres. »
Quelques heures après la parution de cette déclaration dans les médias, le général-major Hamel a été limogé et mis à la retraite. Sur ces déclarations, une enquête a immédiatement été ouverte. À la grande surprise de beaucoup, elle fut confiée à la gendarmerie nationale, dirigée par un fervent adversaire du général-major Hamel.
Alors qu’il devrait conserver son grade de général-major, même à la retraite, l’ex-patron de la police en sera dépossédé. Son successeur, Moustapha El Habri a exigé que les véhicules de fonction mis à sa disposition soient restitués ainsi que son logement de fonction. La violence et la rapidité, avec lesquelles les sanctions ont été prises, fait penser à certains que tout ceci, est motivé par une volonté déguisée d’humilier un possible adversaire.
L’éviction de cet homme, jadis proche du clan présidentiel et qui semblait promis aux plus hautes fonctions, a surpris d’autant plus qu’elle a été suivie de nombreux limogeages au nombre desquels le commandant des forces terrestres, le commandant des forces aériennes et le directeur de la caisse nationale militaire de la sécurité sociale. Ils ont tous été débarqués et mis à la retraite.
Avec eux, une quinzaine d’autres généraux, et des chefs de région militaire furent visés. Des responsables militaires emblématiques qu’on disait proche d’El Mouradia (siège de la présidence), tels que directeur central de la sécurité de l’armée (DCSA, renseignements militaires) ou encore le général-major Menad Nouba, commandant de la gendarmerie nationale, n’ont pas été épargnés.
Ces limogeages en cascade, ont fait dire à certains spécialistes de l’Algérie que la haute hiérarchie de l’armée a été décapitée, victime, probablement, d’une guerre d’influence autour du chef de l’État. Tout ceci, dans le but de préparer l’après-Bouteflika; domestiquer l’appareil sécuritaire étant la première pierre d’un plan d’ensemble très subtil.
Ayant été victime d’un accident vasculaire cérébral, en 2013, le président Abdelaziz Bouteflika a conservé de nombreuses séquelles. Ne se déplaçant plus qu’en fauteuil roulant, et ne s’exprimant que grâce à un discret micro placé près de sa bouche, lors des rares audiences qu’il accorde à certaines personnalités étrangères en visite Algérie, Abdelaziz Bouteflika, n’en demeure pas moins bien à la tête du pays.
Il a déserté El Mouradia, et gouverne reclus depuis le compound de Zeralda, complexe résidentiel comprenant une résidence médicalisée et plusieurs autres villas ultra-sécurisées pour sa famille.
Sa famille est dite très présente depuis son accident. Son frère cadet, Saïd Bouteflika, est considéré par certains comme le véritable président de l’Algérie. Nommé conseiller spécial, par décret non publiable dans le journal officiel, il est au cœur du fonctionnement de la présidence. Il joue le rôle d’interface entre Abdelaziz Bouteflika et les différentes institutions de la République. Il veille également à la sécurité, filtre ses audiences et transmet, les messages et instructions de son frère. Il est dit proche de nombreux responsables politiques et des officiers de l’armée.
Certains, pensent voir sa main derrière ce réaménagement au sein de l’armée, dans le but de préparer l’élection présidentielle à venir, voire même dans le but de préparer l’après-Bouteflika.
En effet, dans le microcosme algérien du pouvoir, l’armée a toujours pesé dans les successions présidentielles. Certains, vont jusqu’à penser qu’à Zeralda, s’assurer de disposer d’hommes parfaitement loyaux en cas de disparition du chef de l’État, ou d’élections présidentielles prématurées, était en tête de leurs priorités.
Ce qui est certain, c’est que l’état de santé du président algérien fait germer beaucoup d’incertitudes. Qui dirige vraiment le pays ? Quelles sont ses motivations ? Bien malin celui qui pourrait avoir une réponse à ces questions. Ce qui est sûr, c’est que l’Algérie, quand bien même puissance pétrolière continentale, connaît un chômage endémique et une économie fragile, faisant dire à certains qu’elle vogue vers des lendemains mouvementés.
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