À toutes fins utiles, la CPI est « une juridiction pénale universelle permanente chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre ». Créée par le Statut de Rome le 17 juillet 1998, en Italie, cette institution juridique prend effet à partir du 1er juillet 2002 suite à sa ratification par 60 pays. Et depuis le 4 mars 2016, sur les 193 États membres de l’ONU, seuls 124 États ont ratifié le Statut de Rome. Aussi 32 États supplémentaires, dont la Russie et les États-Unis, ont-ils signé le même Statut sans le ratifier. Cependant, ce Statut n’est toujours pas signé par certains pays tels que la Chine et l’Inde, qui demeurent dubitatifs à l’endroit de cette Cour. Mais quelle importance a la CPI en Afrique de nos jours ?
34 États africains sont signataires du Statut de Rome. Près de 15 ans après la création de cette institution, 9/10 pays qui font ou ont fait l’objet d’une enquête, sont en Afrique. Cela supposerait deux choses principalement : d’une part, la CPI a été créée pour juger les dirigeants africains ; ou alors, les dirigeants africains sont parmi ceux qui commettent le plus de crimes sur leurs peuples. Ces deux cas de figure, radicalement opposés, nous permettent de répondre à la question : la CPI est-elle injuste ou a-t-elle raison de s’intéresser un peu plus à l’Afrique ?
Il revient aux Africains de répondre, d’autant plus qu’ils sont les premières victimes des régimes répressifs qui plombent la vie démocratique et les libertés sur ce continent. Par ailleurs, chaque pays a ratifié individuellement et en toute liberté le Statut de Rome. C’est donc tout seul, après avoir consulté nécessairement son peuple, que chacun d’eux devra se décider de rester ou de se retirer de ladite Cour. À ce jour, si certains pays africains peuvent se vanter de leurs avancées vers les libertés individuelles et communes, d’autres en revanche reculent considérablement et méritent l’attention de cette justice suprême. Comment imaginer que la Cour Pénale Internationale ferme les yeux sur la Côte d’Ivoire, la République Démocratique du Congo, l’Ouganda, la République de Centrafrique, le Cameroun, le Mali, la Libye, le Darfour (Soudan), La République du Kenya ou plus récemment le Gabon ? À supposer même qu’il soit raisonnable de quitter la CPI, il restera tout de même l’épineux problème de l’impunité tant décrié par les populations. Car en Afrique du 21e siècle, il n’existe aucune juridiction capable d’inquiéter et de juger les criminels.
C’est le peuple africain qui doit littéralement s’inquiéter des tentatives de retrait de certains pays africains de la CPI. S’il n’y a pas lieu de crier au retour à l’état de nature, on doit tout du moins s’inquiéter d’un système d’impunité institutionnalisé et si vachement entretenu. N’importe quel Africain connaît un criminel, de près ou de loin, qui mériterait la prison, mais jouit a contrario de ce que l’on peut appeler par ironie « abus de liberté ». Les criminels en Afrique sont non seulement libres, mais aussi hautains et multi récidivistes. L’Afrique est parmi les continents les plus corrompus. Il n’est donc pas envisageable de condamner ne fut-ce que l’ami d’un président ou d’un riche homme influent. La corruption est si puissante qu’elle a corrompu même la mort et sa cohorte de malheurs. Or il ne peut se passer aucun crime de masse dans un pays sans que les dirigeants soient complices ou du moins, au courant. Comment est-ce possible ?
L’Afrique est dans une situation où c’est le criminel qui menace les victimes ou leurs parents de les enfermer au moindre cri. Il y a même des cas où le criminel paye le silence des proches de la victime. Cela se passe pourtant dans la majorité des pays africains depuis des décennies, sans que l’Union africaine ni aucun autre organisme ne pensent à protéger plus efficacement les peuples en condamnant leurs meurtriers. En cas d’importantes violations dans un pays, la justice locale se mure dans le silence quand elle ne se range pas effarouchée derrière l’assassin. Là, le peuple se démerde à solliciter l’hypothétique enquête de la CPI. Ensuite il l’attend avant et après un nombre messes protocolaires, si elle veut bien intervenir, quelques fois avec du retard.
En somme, aucun peuple d’aucun pays africain ne peut valider délibérément à l’heure actuelle son retrait de la CPI. Cela reste plutôt un des fantasmes les plus convoités du seul individu ou groupes d’individus qui dirigent les États africains. Chaque dirigeant doit craindre une justice réelle et incorruptible. Il faudrait donc que la CPI refuse clairement le retrait à tout pays où il se poserait un problème de liberté et de démocratie, jusqu’à ce que l’Afrique soit dotée d’une juridiction capable et qui fait ses preuves en matière de justice.
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