Guinée Conakry – La Guinée célèbre aujourd’hui le triste anniversaire du massacre du stade de Conakry. Huit ans après, justice n’a toujours pas été rendue, les responsabilités ne sont toujours pas établies mais les blessures elles, restent ouvertes. Ce 28 septembre 2017, les guinéens se souviennent et exigent la tenue du procès promis par les autorités du pays.
Le stade du Conakry est l’un des plus grands complexes sportifs guinéen. Aussi appelé stade du 28 septembre, il tire son appellation du référendum sur la Constitution du 28 septembre 1958. Ce 28 septembre, la Guinée dit non à De Gaulle et devient indépendante peu de temps après. 51 ans plus tard, un tragique événement viendra marquer l’histoire du pays. Ainsi, le 28 septembre ne renvoie plus seulement au souvenir heureux des prémices de l’indépendance guinéenne.
Après la mort de Lansana Conté, le capitaine Moussa Dadis Camara et sa junte militaire s’emparent du pouvoir. Nommé président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), il s’impose à la tête de la Guinée par un coup d’état le 24 décembre 2008. Autoproclamé président de la République, il promet toutefois des élections en 2010. Un scrutin auquel ni lui, ni les membres de son gouvernement ne pourront participer. Pourtant, en avril 2009, Dadis Camara laisse entendre qu’il se portera candidat à la présidence. A cette annonce, les forces vives de l’opposition organise une grande manifestation pour dire non à la candidature du chef de la junte. Le rendez-vous est pris pour le lundi 28 septembre 2009, au stade du même nom.
Dès les premières lueurs du soleil, les partisans de l’opposition se dirigent vers le stade du 28 septembre. Différentes artères de la villes sont déjà quadrillées par les forces de police. Les Guinéens ont répondu en masse à l’appel de l’opposition. Rapidement, les esprits s’échauffent et des incendies sont recensés. Du côté du stade, l’enceinte ne cesse de se remplir. En milieu de matinée, les 25 000 places du stade semblent toutes occupées. C’est par des chants et des danses que les manifestants expriment leur désaccord. Aux alentours de midi, les bérets rouges parviennent à rentrer dans l’enceinte sportive.
A ce moment, personne ne se doute de la violence de la répression qui est sur le point d’arriver. Gaz lacrymogènes, tirs à balles réelles, les forces de Dadis Camara veulent disperser la foule par tous les moyens. Si certains militants essaient de fuir, d’autres ripostent armés de couteaux. Les leaders politiques présents sur place ne sont pas épargnés. Ils sont eux aussi, agressés, passés à tabac et détenus par les militaires. Plus tard dans la journée, la circulation est bloquée et l’accès au stade interdit. Le bilan est lourd.
L’on parle alors de plus de 150 morts et des milliers de blessés, et pas moins de 109 femmes violées, selon une enquête de la l’ONU. Un bilan surement plus important compte tenu des nombreux cadavres enlevés et dissimulés dans des fosses communes par les forces militaires. En décembre 2009, la Human Rights Watch publie un rapport accablant sur ce lundi sanglant. Elle y dénonce en effet, viols, pillages, meurtres et agressions sexuelles commis par l’armée guinéenne et appelle le gouvernement à enquêter.
Alors que le notion de crime contre l’humanité est évoquée par la communauté internationale, la question de la responsabilité se pose. La France et des Etats Unis exigent qu’une enquête internationale soit ouverte afin de désigner les responsables et qu’ils soient jugés. Tous les doigts pointent bien entendu vers le Capitaine, qui demeure serein malgré la saisie de la Cour Pénale Internationale. Pendant ce temps, le torchon brûle au CNDD. Les uns et les autres se rejetant la faute suite aux evenements du 28 septembre.
Des dissensions qui amèneront Aboubacar Diakite dit Toumba, à se retourner contre son chef. En effet, Dadis Camara sentant sûrement l’étau se resserrer sur lui, accuse le zèle de ses militaires et nie toute participation de sa part. Chef des bérets rouges, Toumba est alors désigné comme principal responsable. Il manque d’assassiner le Capitaine avant de prendre la fuite le 3 décembre 2009.
L’exil forcé de Dadis Camara et l’arrivée démocratique au pouvoir d’Alpha Condé donnent de l’espoir aux familles des victimes qui attendent réparation. Fevrier 2010, une instruction est ouverte. Pas moins de 14 civiles et militaires sont inculpés, parmi lesquels Dadis Camara. Mais voilà huit ans et pas l’ombre d’un procès. Pas même une date précise.
Cependant, Cheik Sakho se veut rassurant « Ce procès se tiendra avant la fin 2017 », d’après le ministre de la Justice. L’extradition en mars dernier de Toumba Diakite, l’un des hommes forts de Dadis, en cavale depuis 2009, ravive fortement les espoirs. Même si l’enquête piétine, les Guinéens n’oublient pas.
Ce jeudi 28 septembre, en Guinée mais aussi au sein de la diaspora, on commémorera ce triste événement. Une année de plus à réclamer que justice soit faite, et saluer la mémoire de ceux et celles, morts pour la Guinée.
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