En tant qu’Africains, nous connaissons au moins une femme qui a, ou subit actuellement des violences. Cet acte est fréquent, très banalisé dans notre continent en commençant par les autorités. Les violences sur les femmes ont plusieurs formes. Nous pouvons citer les mutilations génitales, les mariages précoces, les viols, les mariages forcés, l’esclavage sexuel, le viol conjugal, etc. Après différentes analyses, les chiffres sont assez terrifiants, nous avons l’impression que ce sujet est tabou dans notre société, personne ne veut s’y attarder.
Selon la Fédération internationale des droits de l’Homme, des cas de mutilations génitales se multiplient dans de nombreux pays d’Afrique comme la Somalie (98%), la Guinée Conakry (96%), l’Égypte (91%) le Mali (89%). En Afrique subsaharienne, plus de 39% de filles sont mariées avant 18 ans. Bien qu’il soit fréquent, dans plusieurs pays, le viol conjugal n’est pas reconnu par le Code pénal. Les conséquences sont nombreuses, maladies sexuelles, troubles psychologiques, stigmatisation, grossesses non désirées parfois certaines trouvent la mort. Aujourd’hui nous mettrons un point d’honneur sur les violences conjugales. Bien qu’elles soient les plus répandues, elles restent les plus silencieuses en commençant par les victimes elles-mêmes.
De la promesse d’amour à la violence, il n’y a qu’un pas semble-t-il
Rappelons ici que les violences conjugales ou domestiques sont désignées pour traduire l’ensemble des violences qui peuvent se produire dans un foyer c’est-à-dire toutes formes de violences commises par un individu à l’endroit de son partenaire ou conjoint. Au Mali, plus de 200 cas de femmes battues par an, selon une étude de l’association pour le progrès et la Défense des femmes maliennes. En Afrique subsaharienne plus de 40% de femmes sont victimes de violences conjugales dont 65% en Afrique centrale. Selon l’Amnesty International, en Afrique du Sud toutes les six heures une femme est tuée par son compagnon.
Des chiffres qui jettent un froid glacial. Le corps de certaines femmes est « chosifié », dégradé, humilié et méprisé par leur partenaire. Des chiffres étonnants et incompréhensibles. En abordant ce sujet, une série de questions me vient à l’esprit. Comment pourrait-on expliquer qu’entre deux personnes censées s’aimer, il y est une qui violente l’autre ? L’amour n’exprime-t-il pas de la tendresse et de l’affection ? Un homme n’est-il pas censé protéger sa partenaire ? À quel moment lui vient-il à l’idée d’en faire un tambourin ? Comment comprendre qu’après s’être aimé, juré fidélité et amour l’on puisse ainsi se faire du mal ?
En questionnant l’entourage, des réponses que je juge plutôt abstraites m’ont été données. Certains pensent qu’il est « normal de corriger sa femme quand elle est têtue », d’autres disent « il y a des femmes qui poussent à bout », « frapper sa femme existe depuis des siècles, même dans les textes religieux la femme doit être corrigée », etc. Des réactions atroces quand on regarde l’évolution du monde, l’ensemble des lois et règlementations contre les violences faites aux femmes. J’ai réalisé que le problème pourrait être plus profond.
Il semblerait que les coutumes, les mauvaises interprétations des textes religieux, les traditions parfois archaïques n’aident pas à la protection de la femme. L’héritage culturel joue un rôle important dans la place « inférieure » que certains donnent à la femme.
Pour beaucoup, frapper sa femme est un moyen d’exprimer son mécontentement ou encore sa supériorité en tant qu’homme, en gros « je suis ton homme, je te domine ». Parmi les victimes, des femmes également pensent que cet acte est normal.
Certaines affirment que « si ton chéri ne t’a jamais frappé, il ne t’aime pas » ou encore « il est dans son droit de me frapper quand je suis en tort » Incroyable ! Les femmes du 21e siècle devraient réaliser que la violence est un crime. Un homme qui frappe sa partenaire est un criminel qui devrait se faire aider ou interner. Heureusement, nombreux sont ceux qui considèrent cela comme une atrocité.
Bien qu’il soit difficile de lutter contre les mentalités ancrées depuis des années, les autorités pourraient prendre des mesures plus drastiques. Que fait la justice ? Les autorités prennent-elles- réellement leurs responsabilités ? Pourtant des traités ont été signés. Pourquoi le Protocole de Maputo de 2003 relatif aux droits de la femme n’est-il pas mis en application ? Malgré les multiplications des plaintes, de campagnes de sensibilisation, d’associations de lutte contre les violences faites aux femmes, des rapports d’observation les violences faites aux femmes, nous avons l’impression que des cas de femmes battues s’intensifient. L’acte est encore trop banalisé par la population et les autorités.
Pourtant, il y’ a des solutions qui pourraient empêcher cet acte odieux. Criminaliser tous types de violences pas seulement conjugales (attouchements, harcèlement, viol, agressions, mutilations, etc.). Il faudrait peut-être faire un suivi psychologique et médical pour les femmes victimes de violences. Les États pourraient également favoriser l’accès des femmes à la justice, prendre des mesures plus efficaces pour augmenter les égalités entre hommes et femmes. Le 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Cette journée hélas, passe trop inaperçue.
Pourquoi ne pas dédier une semaine afin de commémorer la femme ? Sensibiliser sur les droits afin qu’elles soient au courant des lois et règlements pour leur protection. Informer sur les dangers physiques et psychologiques. Ce n’est pas un problème de « femmes qui veulent être égales aux hommes », c’est une affaire d’êtres humains qui se doivent un respect mutuel. Certains ont tendance à dire « qui aime bien châtie bien », je dirais plutôt qui aime bien ne détruit pas la vie de l’être aimé.
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